C’est le contraste ostensible entre les deux instruments, le violoncelle moderne et la viole de gambe, qui constitue le ressort sensible de ce concert. En 1740, l’abbé Hubert Le Blanc publiait un pamphlet plaisant au titre un peu sarcastique : « La Défense de la basse de viole contre les entreprises du violon et les prétentions du violoncelle ». En réalité, l’enjeu était de taille – car c’était le régime esthétique de toute une époque qui était en train de basculer : la gambe est douce et boisée, mélancolique, aristocratique ; le violoncelle sonne fort et dégage des harmoniques plus métalliques, il est triomphant et déjà bourgeois. En feignant d’opposer le moderne à l’ancien, Berio à Sainte-Colombe, l’innovation à la nostalgie, le cello à la gambe, ce concert fait subtilement l’éloge d’un increvable désir de musique – voire de la plus ancienne et plus universelle fonction du musical : l’art de mi-dire.
Avec le soutien du
Solistes d’Ictus :
Geert De Bièvre violoncelle
Eva Reiter viole de gambe, conception du concert et arrangements
Eva Reiter (née en 1976)
Prologue I
Jean de Sainte-Colombe (c. 1640-c. 1700)
Le Retrouvé
Luciano Berio (1925-2003)
Béla
Yossi
Jürg Frey (né en 1953)
Wen 16
Jean de Sainte-Colombe
Le Retour
Luciano Berio
Henri
Shlomit
Annie
Jürg Frey
Petit fragment de paysage
Jean de Sainte-Colombe
Les Regrets
Eva Reiter
Prologue II
Träumerin
Jean de Sainte-Colombe
Le Tendre
Prologue III
Jean de Sainte-Colombe
Chaconne raportée*