Après ses débuts éclatants, on aurait pu la croire dévolue tout entière au bel canto, mais les chemins de la vie et de la musique auront doucement poussé l’Italienne de notre côté des Alpes. Brillante dans Berlioz, haletante chez Halévy, Carmen de braise, Anna Caterina Antonacci a suivi une inclination naturelle : « J’ai passé sept ans de ma vie à Paris, et mon affinité avec la musique française est devenue de plus en plus flagrante jusqu’à devenir ce que je crois être une évidence. Ma carrière n’est pas le fruit d’une stratégie ou de grands projets, et mon rapport à la musique française est né de la même façon, par hasard. Aujourd’hui, le chant français, et je ne parle pas seulement de l’opéra, mais aussi du répertoire de chambre et symphonique, fait vraiment partie de ma respiration », expliquait-elle en 2012. Quelques années plus tard, cette « affinité flagrante » ne s’est pas démentie, comme on pourra le constater durant une soirée consacrée aux sommets de la mélodie française. Amours sensuelles, amours blessées : on y retrouvera la tragique Ophélie de Berlioz, les frissonnantes Chansons de Bilitis et deux turbulents enfants de Cocteau et Poulenc – la très dingue Dame de Monte-Carlo et l’inconsolable Voix humaine. Un rôle qu’Anna Caterina Antonacci avait déjà abordé à la scène, ce qui augure d’émouvantes retrouvailles…