« Le jour paraît et nous devons partir. »

Il est toujours exaltant de découvrir ce que l’on pensait connaître… Portée par le désir du metteur en scène Benjamin Lazar, du directeur musical Florent Hubert et de la comédienne Judith Chemla, cette « Traviata intime » a remporté mieux qu’un succès : elle a, dès sa création à Paris et en tournée par la suite, su établir un lien sentimental et profond avec son public.

« Un parfum tenace de réalité flotte dans  La Traviata, comme si la vie et la mort de cette femme dévoyée avaient quelque chose de plus vrai que celles des autres héroïnes lyriques », écrit Benjamin Lazar, qui, dans cette version à mi-chemin entre le théâtre et l’opéra, propose une lecture attentive du classique de Verdi, respectant ses origines pour mieux en dévoiler la modernité.

L’Opéra s’associe au Théâtre du Nord pour présenter cette adaptation dans le cadre intime qui lui convient. Comédienne intrépide, Judith Chemla avait déjà été une bouleversante Didon dans Le Crocodile Trompeur de Samuel Achache et Jeanne Candel. Elle aborde le rôle de Violetta, avec un engagement sans limite, lui apportant sa propre aspiration « à vivre effrontément – à se consumer sans filtre – à être livrée au feu de l’expérience ».

Amoureux du baroque au point d’en être devenu spécialiste, Benjamin Lazar se confronte ici aux langueurs décadentes et aux passions nocturnes du XIX^e siècle, « où le romantisme exacerbé ressemble à une fleur déjà trop ouverte », où des fêtes voluptueuses s’évanouissent au lever du jour, où les amours sont amères autant qu’absolues.