Conte intemporel qui berce en nous un besoin de justice où les bons finissent par être récompensés, Cendrillon a donné lieu à d’innombrables versions aux tonalités très différentes. Entre la mièvrerie acidulée des studios Disney et la cruauté de Perrault ou des frères Grimm, l’adaptation lyrique de Massenet prend des allures de comédie pleine de gaieté.

Cet aspect n’a pas échappé à Laurent Pelly, lui qui s’est illustré dans les maisons d’opéra les plus prestigieuses en mettant ses talents au service d’Offenbach, de Donizetti ou encore de Rameau. Apparition de fée plus vraie que nature, scène de bal étourdissante et pantoufle magique : le spectacle s’empare de la féérie de Cendrillon comme on feuillette les pages d’un grand livre illustré sans négliger l’humour qui fourmille dans les détails du livret. Aveuglées par le désir d’être dans le coup, la méchante belle-mère de Cendrillon et les prétendantes du prince ressemblent à s’y méprendre aux précieuses ridicules de Molière.

L’inspiration mélodique de l’œuvre est quant à elle sous influence romantique. La délicatesse dont fait preuve Massenet dans la peinture des sentiments bénéficie d’une distribution francophone de premier ordre et d’un chef, Claude Schnitzler, qui dispose d’une remarquable expérience de ce répertoire. On peut faire confiance à l’attachement des musiciens de l’Orchestre national de Lille à un certain raffinement français pour nous rappeler qu’après Werther et Manon, Cendrillon est vraiment le troisième chef-d’œuvre lyrique de Massenet.