Sont-elles vraiment « toutes comme ça » ? Pour éprouver la fidélité de leurs fiancées, deux amoureux se déguisent pour mieux les induire en tentation… En 1790, Mozart et Da Ponte ont élevé au rang des beaux-arts les jeux de l’amour et du hasard. Une libre adaptation en forme d’opéra d’aujourd’hui les expose aux nouvelles lumières du jeu amoureux. « Je vous prouverai en quelques heures que vos fiancées ne valent pas plus que les autres » jette Don Alfonso à deux jeunes galants transis d’amour… qui seront bientôt glacés d’effroi. Fidèle à ce propos originel et libertin, la compagnie Miroirs Étendus replace le classique dans une perspective contemporaine, dans une version où il n’est plus question d’un jeu de dupes, mais bien de « se laisser submerger par des sentiments amoureux inattendus, explosifs ».

Autres temps, autres mœurs : le metteur en scène Antonio Cuenca Ruiz imagine Così fan tutti (sont-ils et elles tous comme ça) comme une soirée entre jeunes gens qui vire aux grandes manœuvres d’un game of love à la fois léger et grave, intime mais aussi politique. Puisant dans l’imaginaire contemporain, il associe les récitatifs de Da Ponte à des textes libertins de l’époque, dans une vision à la fois fidèle et moderne. Suivant une même inspiration, l’adaptation musicale – confiée à Maël Bailly – restitue la richesse de la partition originale tout en lui donnant des couleurs plus actuelles grâce à une instrumentation inédite. Après avoir revisité Orphée et Eurydice de Gluck, la compagnie poursuit sa collaboration avec des artistes émergents, et jette de nouvelles passerelles pour permettre au public des Hauts-de-France d’accéder, en toute proximité, aux chefs-d’œuvre du répertoire.