Eva est la mère cosmique de tous les êtres et le lundi – Montag – est son jour. Puissance génitrice et sensuelle, elle va livrer au monde des créatures fantastiques et ensorceler les humains… Poursuivant sa mise en lumière du grand cycle Licht. Les sept jours de la semaine de Stockhausen, Le Balcon ouvre l’atelier de fabrication d’un opéra, proposant des répétitions ouvertes, des séances d’écoutes et des représentations des scènes solistes d’une œuvre monde bercée par la mythologie des contes.

Ouverture du cycle Licht, Montag est un opéra empreint de cérémonie et de magie. Stockhausen y célèbre la naissance du monde et la part féminine de l’humanité à travers ses symboles (la lune, l’eau, l’enfantement) qui croisent toutes les cultures et toutes les temporalités humaines. Écrit de 1984 à 1988, Montag aus Licht pousse la virtuosité instrumentale, la composition électronique et les défis technologiques à un niveau unique. Créé en 1988 à la Scala de Milan, Montag fait « exploser » les limites du théâtre à l’italienne, pour créer une véritable magie rêvée par le compositeur. Après Freitag aus Licht, montré en 2022 à l’Opéra de Lille, Le Balcon propose une sélection de scènes solistes du Lundi de Lumière, dans le cadre de la très longue préparation que demande cet opéra. Le collectif a souhaité ouvrir les portes de son atelier, conviant le public à assister aux répétitions, en lui faisant écouter la musique électronique préparée par le compositeur, et en proposant deux représentations uniques des scènes solistes d’un opéra qui semble comme un voyage initiatique dont la dramaturgie emprunte aux contes éternels – Blanche-Neige, Le Joueur de flûte de Hamelin – comme aux magies et aux naïvetés de l’enfance et à ses légendes éternelles. Quelques scènes, comme quelques sortilèges d’un Lundi où se joue à la fois la naissance de l’humanité et celle du monde, célébrées par des invocations magiques venues des civilisations les plus diverses : européennes, asiatiques, africaines…

Comme souvent chez Stockhausen, l’écriture associe l’avant-garde à la fantaisie, le monumental au sensible, pour faire converger les croyances et les cérémonies. « Une ode au rapprochement des peuples via une narration de la naissance », où les enfants se transforment en oiseaux, tandis que les synthétiseurs jouent des notes qui ressemblent à des étoiles suspendues dans le ciel…